Un épisode important de la vie religieuse qui débutera en 1801, à la signature du Concordat et qui perdurera jusqu’en 1931. En effet, Villecomtal fut «La Petite Rome» de «La Petite Eglise». Ses adeptes étaient alors appelés «Les Enfarinés».
Pour bien comprendre ce que fut le schisme anticoncordataire, il faut remonter à La Constitution Civile du Clergé promulguée le 12 juillet 1790 qui, entre autres dispositions, déclarait l’Eglise de France hors de l’autorité du Pape.En raison de l’imbrication des convictions religieuses et politiques de l’époque, mais aussi de la condamnation prononcée par Rome, la situation ne fut nette qu’après l’abolition de la royauté le 10 août 1792.Quatre vingt un évêques, réfugiés à l’étranger, organisèrent des réseaux clandestins autour d’hommes de confiance et par ce moyen administrèrent leur diocèse contre les prélats « jureurs » nommés par le gouvernement révolutionnaire.
En Aveyron, sous l’impulsion de Monseigneur Colbert de Seignelay, évêque de Rodez, la résistance à La Constitution Civile du Clergé fut active. La « Société Ecclésiastique » composée de prêtres réfractaires, dont à Villecomtal les abbés Delhom et Régis, fut une de ces cellules dirigées de Londres où l’évêque s’était réfugié.
En 1800, la nécessité de normaliser les relations diplomatiques avec le Vatican et de remettre de l’ordre dans l’Eglise de France se fit de plus en plus pressante et une négociation fut engagée entre Bonaparte, Premier Consul, et le cardinal Spina, envoyé spécial de Pie VII, pour aboutir en 1801 au Concordat promulgué à Paris en 1802. Trente cinq évêques anticonstitutionnels, dont celui de Rodez, tous résidant hors de France, en refusèrent les dispositions et entrèrent en dissidence contre Pie VII qui leur demandait de démissionner. Ils se servirent de leurs réseaux pour lutter contre le Concordat et l’administration de leur diocèse par les nouveaux promus. En Rouergue, de nombreux ecclésiastiques suivirent les consignes données par l’ex-évêque Colbert de Seignelay démis par le Vatican. A Villecomtal, les abbés Delhom et Régis se distinguèrent par leur zèle anticoncordataire au point qu’ils furent considérés comme les pontifes de « La Petite Eglise », autre nom donné à la dissidence du Rouergue.
Le rétablissement de la royauté en 1814/1815 et l’abolition du Concordat en 1905 ne changèrent pas l’attitude de « la Petite Eglise » qui sous le nom « La Petite Eglise Vieille Catholique » comptent de nos jours quelques milliers de fidèles en France et surtout à l’étranger : Europe, Afrique, Amérique. Plus de 24 paroisses aveyronnaises et 3 dans le Cantal adhérèrent à ce mouvement.
Leurs fidèles vinrent en grand nombre, jusqu’à un millier d’après les rapports de la police, assister aux messes célébrées à Villecomtal par l’abbé Delhom au lieu-dit « Le Taulan » et l’abbé Régis à « Los Topis ».
On les nommait « Les Enfarinés » car à l’instar des us de l’Ancien Régime, dont ils se réclamaient, sans pour autant qu’on puisse les considérer comme des royalistes avérés, les hommes dénouaient leurs cheveux qu’ils portaient longs et les poudraient avec de la farine (faute de poudre de riz) pour assister aux offices religieux. Les femmes vêtues de noir, portaient un bonnet à mentonnière, un scapulaire autour du cou et un grand chapelet de buis autour de la taille. Après le décès des derniers prêtres schismatiques, elles firent perdurer La Petite Eglise en organisant de pieuses réunions qui servaient de messe.
Le dernier fidèle en Rouergue est mort en 1931, dans un village voisin de Villecomtal en prononçant les dernières paroles « Soy Enfarinat »
Association “Terre des enfarinés”
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